Dans l’histoire, la mode a souvent eu un rôle de marquage sociétal et d’appartenance sociale. Le 19ème siècle a appuyé la couture et l’artisanat au sens noble du terme. Puis le 20 ème siècle a vu une révolution industrielle et la délocalisation. Le 21 ème siècle sera t’il le siècle de la révolution politique pour l’industrie ? Un manifeste géopolitique en faveur ou pour contrer la fast fashion ?
Suite à une conversation avec Victoire Satto & Alden Wicker, puis au rejet du texte sur le devoir de vigilance #csddd (Corporate sustainability due diligence) par l’Union européenne la semaine dernière. Je me suis demandée : ” 🤔 Est ce qu’au 21ème siècle l’industrie de la mode ne sera que de la politique ? ”
Victoire Satto est journaliste et fondatrice du magazine The Good goods.Elle s’investit sur ces sujets à titre de recherche scientifique , de convictions et de rôle de media. Alden Wicker une journaliste activiste américaine. Elle est aussi la fondatrice du magazine EcoCult. En tant que pionnière sur les sujets de mode responsable et durable, elle enquête en particulier sur la mode et la santé. Elle a publié un livre dédié à ce thème : To dye for. Notre conversation portait sur la toxicité de certains produits, les fonctionnements de production avec une #traçabilité douteuse et le poids du lobbying à l’international.
🇫🇷 L’industrie de la mode : Un manifeste géopolitique en France
De son côté, la France réfléchie à une loi pour barrer la toute puissance de la fast fashion. Le 4 mars 2024, se tenait une réunion au ministère de la transition écologique et de la cohésion des territoires. Ainsi, le ministre Christophe Béchu recevait divers acteurs de l’industrie de la mode et de l’habillement afin de travailler sur la proposition de loi portée par la députée Anne-Cécile Violland. En effet, ce projet de loi vise la réduction de l’impact écologique de l’industrie textile car pour certains la loi Agec aurait besoin d’un cadre d’application plus clair et mieux contrôlé.
Face aux enjeux pressants de la pollution plastique, de la consommation d’eau, des émissions carbone… Ou encore des déchets liés à l’industrie de la mode, les actions du secteur public semblent se concrétiser. Parmi les mesures envisagées :
➡️ Bonus Malus : Le gouvernement souhaiterait réduire l’écart de prix entre les vêtements d’ultra fast fashion et les autres produits du marché, en instaurant un système de bonus malus.
➡️ Publicité encadrée : Des règles plus strictes sur la publicité sont considérées pour limiter la promotion de ces produits. Souvent à l’origine d’achats impulsifs. Sinon y’a toujours la méthode B.I.S.O.U
➡️ Transparence accrue : L’instauration d’un affichage environnemental obligatoire dès 2025, déjà acté pour la France, vise à informer les consommateurs sur l’impact écologique des produits. Des annonces sur la méthodologie et le cadre de cet affichage sont attendues prochainement.
Cela demandera de la formation des équipes de vente. J’avais d’ailleurs été interrogée par le magazine sport guide à ce sujet.
L’industrie de la mode en France : Ecoscore & questions cruciales
🔍 Quelle méthodologie sera utilisée pour évaluer le coût environnemental des produits. Comment assurer qu’elle reflète fidèlement les enjeux du secteur ?
Ex : l’utilisation du polyester a été multipliée par 6 ces dernières années. Hors, il est une source hydrocarboné polluante, souvent riche en produits chimiques toxiques et difficile à recycler s’il est traiter en mélange. Il y a aussi le problème des microparticules relargées et toxiques pour l’environnement. Cependant c’est une matière qui, selon la source et la qualité, a une durabilité physique intéressante. C ’est l’un des fléaux de la fast fashion, il est crucial que l’affichage reflète cet enjeu majeur.
🔍 Quel sera le lien avec les initiatives existantes en faveur de l’écoconception ? Déjà déployées par de nombreuses marques, validées par consommateurs, scientifiques et acteurs de la société civile ? Comment peut on contribuer à simplifier la tâche pour les entreprises, marques et fabricants ?
En conclusion, le ministre a mis en avant la complémentarité entre le coût environnemental « punitif » et les Eco score qui valorisent les produits le plus durables et éco conçus.
L’industrie de la mode en France : la loi sur le devoir de vigilance pour les nuls
Marwa Zamaray est consultante ESG et ambassadrice du Pacte climatique de l’UE à la commission européenne. A ce titre, elle étudie les législations et propose des stratégies de marketing digital percutantes en lien avec la chaine de valeur textile. Lors du dernier salon Première Vision elle évoquait le #CSDDD (Corporate Sustainability Due Diligence Directive). Selon elle c’est un outil important de mise en conformité du secteur face aux datas et responsabilités. Afin de faire bouger les lignes de l’éthique et du living wage ou salaire décent.
Un manque de législation forte à l’échelle européenne pourraient être une condamnation à la croissance verte et aux effets rebond. De fait, on peut légitimement se poser la question “La Mode : Un manifeste géopolitique déguisé en faveur de la #fastfashion ? ”
🇪🇺 L’industrie de la mode : Un manifeste géopolitique à l’échelle Européenne
Fin 2023, l’Union européenne discutait activement 16 textes législatifs relatifs à la mode et au textile. Les premières réglementations devant entrer en vigueur en 2024. Hors la semaine dernière, 14 pays sur 27, dont l’Allemagne, la France et l’Italie se sont opposés au texte sur le devoir de vigilance. La France a pourtant acté (Loi n°2017-399) le devoir de vigilance en 2017. En l’occurence, cette rétractation marque un recul significatif dans les négociations européennes. Et selon l’eurodéputée Lara Wolters interrogée par Novethic, suscite des inquiétudes quant à l’avenir démocratique de l’Europe.
Des préoccupations concernant les seuils d’applicabilité feraient obstacle au niveau de seuil. Sous l’influence de grands syndicats patronaux, comme le Medef ou le syndicat de l’industrie allemande une discussion des seuils est en cours. Ainsi le seuil passerai des entreprises de 500 employés à 5000 employés, dispensant environ 80% du marché. Pourquoi ? Poids des lobby, arrangements inter pays, question de temporalité, coût financier, pression politique hors Union européenne ?
L’industrie de la mode : La proposition actuelle sur le devoir de vigilance
En matière de durabilité d’entreprise de la Commission européenne peut se résumer par:
- Responsabilité des entreprises: La Commission européenne encourage les entreprises à intégrer la durabilité dans leurs opérations et leur chaîne d’approvisionnement, afin de promouvoir des pratiques commerciales responsables.
- Obligations de diligence: Elle souligne l’importance pour les entreprises de mener des évaluations de l’impact environnemental et social de leurs activités, ainsi que de prendre des mesures pour atténuer les risques potentiels.
- Cadre réglementaire: La Commission envisage d’adopter une législation sur la diligence raisonnable en matière de durabilité, afin de garantir que les entreprises respectent des normes élevées en matière de responsabilité sociale et environnementale.
En outre, le monde se noie sous les déchets textiles. Alors qu’il existe dans le même temps une demande forte et croissante de matières premières durables d’origine biologique et circulaires pour les nouveaux textiles. Les marques d’ultra fast fashion ne sont par challengées. Ni pénalisées pour les articles vendus sur le territoires européens et qui deviennent rapidement des déchets à traiter en Europe.
“🤔 Est ce qu’au 21ème siècle l’industrie de la mode ne sera que de la politique ? “
Mes inspirations pour tenter de trouver une réponse à cette question cruciale pour la mode écoresponsable sont variées: Politique, science, économique, innovation, capacité de formation et disponibilité des financements sont:
👉🏻L’écoute d’un épisode VLAN! Podcast de Gregory Pouy avec David Djaïz : Les enjeux de la géopolitique climatique 👂
👉🏻 Un article de Novethic sur Le devoir de vigilance européen rejeté après un revirement des Etats membres;
👉🏻 Le communiqué de presse de Mouvement Impact France sur la #duediligence et la renégociation française de 5K à 500 salariés.
👉🏻Une discussion avec Julien Durant Ceo de PICTURE ORGANIC CLOTHING. Dont la feuille de route 2030 est accès sur la réduction carbone et le changement d’usage de consommation. L’état de Californie a mis en œuvre la loi AB 1817 Safer Clothing and Textiles Act, qui interdit l’utilisation de substances PFAS dans les textiles. Cette législation prévoit une interdiction progressive à partir du 1er janvier 2025. Suivie d’une interdiction plus rigoureuse à partir de 2027. Les produits contenant des PFAS seront désormais proscrits de la fabrication et de la vente de produits finis en Californie. Picture en a fait un très bon résumé à lire ici.
👉🏻 Jules Coignard & Raphaël Masvigner de Circul’R qui collaborent avec de grands groupes pensent parfois que “La législation est schizophrène …”
“Ces législations, bien qu’essentielles, ne sont pas à l’abri des assauts de divers lobbies cherchant à en limiter la portée ou à provoquer des reculs. Ces tentatives de retour en arrière et l’absence de sanctions efficaces créent des messages contradictoires, sapant les efforts déployés pour un développement durable plus ambitieux.” Jules Coignard sur Linkedin
L’industrie de la mode: une transition écologique pour que rien ne change ?
La croissance verte une transition écologique pour que rien ne change ? est un article publié sur The good goods que j’ai trouvé très éloquent. Voici un résumé:
- La transition écologique émerge comme réponse à l’échec du développement durable, prenant la forme de la croissance verte.
- La croissance verte repose sur l’idée d’un découplage entre croissance économique et dégradations environnementales, soutenue par le progrès technologique.
- Cependant, le découplage est soumis à des conditions contraignantes selon le rapport du cabinet Carbone 4, incluant des critères absolus, totaux, mondiaux, durables et rapides.
- Le techno-solutionnisme optimiste de la croissance verte fait le pari que l’innovation technologique permettra une croissance économique sans menacer l’environnement. Mais cela soulève des questions sur la viabilité de la croissance infinie dans un monde fini, où la croissance extensive et intensive peuvent aggraver les problèmes environnementaux.
- Effet rebond de bons sentiments pour ne pas épuiser les ressources et préserver le croissance et le profit au sens économique.
L’industrie de la mode : la proposition géopolitique de En Mode Climat
👉🏻 En Mode Climat est une organisation a but non lucratif. Elle agit comme une alliance regroupant divers acteurs de l’industrie textile. Des marques, des usines, des organismes et des médias sont unis dans une démarche de lobbying responsable visant à combattre le réchauffement climatique. De plus ENC travaille des propositions de texte de loi:
⚒️ L’industrie de la mode : en pleine contre révolution politique
Heureusement, il existe des entreprises, associations et professionnels comme Paris good fashion, textile exchange, Fashion for good, Fédération de la Mode Circulaire qui prennent le sujet à bras le corps. Ou travaillent des solutions plus adaptées en collaboration avec les fournisseurs et les politiques. Les fédérations IUTH ou FFPAP par exemple
L’organisme de certification Afnor a un point de vue ajusté à la réalité des entreprises et le post de Alain Jounot son responsable RSE, l’explique bien.
Certains points sont des avancées historiques. La loi climat et résilience, la loi Agec et la création des organismes comme l’ADEME, Refashion et Ecologic qui bénéficient de subventions en faveur des entreprises françaises. Et peut-être bientôt un texte de loi pour plus de transparence sur la fast fashion ?
⁉️ Alors ” Est ce que la mode n’est que de la politique ?
Je n’ai pas de réponse absolue. On ne peut pas faire sans la politique et doit on pour autant faire avec ? Ce qui est presque sur … c’est une Industrie qui influence plus que nos Vêtements.
En tant que consultant, je suis à même de vous accompagner sur ces questionnements alors, on en parle ensemble ?
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